Sunday, October 22, 2006

La traite vers la Martinique au XVIII° siècle

Durant le long règne de Louis XIV et le non moins long règne de Louis XV, l'esclavage est devenu dominant à la Martinique, et le recours à la traite est massif pour assurer le renouvellement de la population esclave et son accroissement. Cette population a un taux de croissance naturel négatif du à la forte mortalité qui la frappe. La traite est devenue une activité massive et très lucrative.

Quelques chroniqueurs nous ont laissé d'importants travaux sur la traite comme par exemple Le Chevalier Des Marchais, sur les côtes d'Afrique à Juda ou aux pays des Ardres vers 1725, son ouvrage sera publié par le fameux Père Labat en 1730. On y trouve des cartes assez remarquables pour l'époque qui permettent de mieux situer les lieux et les populations d'origine de la traite sur les côtes africaines.

Gabriel Debien dans son remarquable travail sur « Les esclaves aux Antilles Françaises (XVII° - XVIII° siècle » Sociétés d’histoire de la Guadeloupe et de la Martinique 1974 , notait que « l’étude des origines ethniques des noirs que la traite amena aux Antilles françaises ne fait que commencer. Elle est d’une très grande difficulté. »

Difficile à la fois par la dispersion des sources, leur fiabilité tout à fait relative en ce qui concerne les déclarations des colons, et la difficulté de relier les noms de lieux, mais aussi des ethnies des XVII° XVIII° siècle aux noms d’aujourd’hui, car il y eu de nombreux mouvements de populations des royaumes se sont faits et défaits, et la colonisation est passée par là.

On connaît aujourd'hui mieux l'importance de la traite négrière française au XVIII° siècle par l'immense travail inachevé de Jean Mettas, "Répertoire des expéditions négrières françaises au XVIII° siècle" édité par son ami Serge Daguet et la Société Française d'histoire d'Outre Mer- Paris 1978.

Il a dénombré et dépouillé de 1708 à 1793, 3343 expéditions négrières françaises. Nous avons utilisé ce travail et sur ce siècle nous avons dénombré 459 expéditions négrières destinées à la Martinique. Au détour de l’examen de ces fiches assez arides on découvre un certain nombre de traits importants pour notre sujet.

Au début de la période les négriers sont aussi des flibustiers. Prenons l’exemple de l’expédition suivante décrite dans la fiche 3 de METTAS en 1709.


Ce navire a capturé deux autres navires négriers, un bateau de Flessing le Jacob, qui débarquera aussi 100 esclaves à la Martinique, et un bateau Portugais, le Notre Dame de Pitié de 70 tonneaux qui débarquera 100 esclaves et aura 30 morts à bord.

En exploitant ces fiches on arrive à avoir une certaine vision des choses.

Ports ayant monté des opérations négrières vers la Martinique
au cours du XVIII° siècle entre 1709 et 1792

Nantes 230 expéditions
Saint Malo 47 expéditions
Le Havre 40 expéditions
Bordeaux 33 expéditions
Lorient 33 expéditions
La Rochelle 28 expéditions
Dunkerque 11 expéditions
Vannes 9 expéditions
Marseille 8 expéditions
Honfleur 6 expéditions
Brest 4 expéditions
Bayonne 2 expéditions
Martinique 2 expéditions
Rochefort 1 expédition.

Importance variable de la traite à destination de la Martinique



Cette année là les principales expéditions viennent de la région de Juda, (Dahomey actuel) et de Cabingue (embouchure du Congo).

En 1720 c’est à peu près la même origine.



En 1729 il y a un déplacement des lieux de traite car il y a 18 expéditions


Mais à la fin de la période les expéditions se font moins nombreuses vers la Martinique, certaines années il n’y a aucune expédition.



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